Actualité de l’Observatoire

Le « Rapport sur les riches en France » vient de paraitre

Notre troisième Rapport sur les riches en France est disponible. Il décrit la situation et les conditions de vie des couches aisées de notre pays. En voici l’avant-propos, par Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.

Publié le 5 juin 2024

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Revenus Riches

Notre troisième Rapport sur les riches en France est celui de la maturité. Il confirme l’intuition que nous avions dès la première édition en 2020 : connaitre le haut de la pyramide des revenus est tout aussi important que d’en décrire le bas. La question de savoir qui est riche en France est désormais installée dans le paysage de l’information sur les revenus. Le débat est lancé.

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La nouvelle édition de notre rapport livre des données inédites sur le nombre et l’évolution de la part des riches dans la population. Nous dévoilons aussi des éléments jamais publiés sur les conditions de vie des riches, une classe qui vit dans des logements confortables là où elle le décide, se déplace comme elle le souhaite, accède à une panoplie de services et profite bien de ses loisirs. Au fil des éditions, une image un peu plus précise de la situation du haut de la hiérarchie des revenus se dessine.

Nous continuons ce travail parce qu’un ensemble de citoyens et de citoyennes se mobilisent et nous en donnent les moyens. Quand certains rechignent à voir exister un seuil de richesse, d’autres nous soutiennent pour que nous ayons les moyens de porter le débat sur la place publique, quelles que soient nos divergences politiques. Si ce rapport existe, en effet, c’est que plusieurs centaines de personnes nous ont soutenus par le biais d’une opération de financement participatif. Nous les en remercions chaleureusement. Leurs très nombreux témoignages nous poussent à continuer d’enrichir le débat en dépit des difficultés d’accès à l’information.

Notre état des lieux déplait à une partie des membres des classes aisées qui trouvent que gagner 3 900 euros par mois, « ce n’est pas être riche ». Les critiques viennent autant de la droite que de la gauche, camp dans lequel on assume encore moins le fait d’appartenir au sommet de la hiérarchie sociale. Beaucoup voudraient s’en tenir à une poignée d’ultra-riches, une bonne affaire pour les classes aisées, ainsi réunies avec le prolétariat… La vision élitiste de la richesse très largement partagée est une forme de protection pour ceux qui vivent bien.

Il existe plusieurs raisons de réfuter l’existence d’un seuil de richesse. Nos lecteurs connaissent l’importance que nous attachons à la qualité des indicateurs que nous présentons et savent que nous en signalons les limites. L’une des critiques les plus justifiées est liée à l’âge. Notre seuil de richesse en patrimoine ne le prend pas en compte, alors que la fortune est un processus cumulatif dans le temps : nous avons sur ce point d’importants progrès à faire.

Notre rapport ne plait pas non plus à l’institution statistique. À l’occasion de la publication de la précédente édition, sur son blog [1], l’Insee s’en est pris à l’Observatoire des inégalités car nous critiquions le manque de données publiées sur le sujet. Ne lui en déplaise, nous persistons : ces dernières demeurent « lacunaires », ce qui signifie uniquement qu’elles restent, selon nous, incomplètes.

Ces lacunes ne nous empêchent pas de souligner les progrès réalisés ces dernières décennies et de relayer le travail de qualité mené par le service public de la statistique et ses chercheurs dont nous citons régulièrement les travaux, notamment tout au long des pages de ce rapport. Plutôt que de se répandre en invectives, il serait intéressant de débattre des vides à combler et de s’appuyer sur les travaux qui existent pourtant déjà au niveau international sur le sujet. Il est incompréhensible que le Conseil national de l’information statistique, l’organisme qui oriente le travail de l’Insee, ne se soit même pas saisi de la question du seuil de richesse au vu de son importance et du débat public qu’elle suscite.

Au fond, personne n’est dupe de l’embarras que notre travail produit chez les riches qui préfèrent éviter qu’on se penche sur leur sort et font en sorte que l’on tourne le regard uniquement vers les plus pauvres. Nous pensons au contraire que pour comprendre la société, il faut observer les inégalités dans leur ensemble, pas au seul prisme de la misère.

En attendant, nous essayons de faire progresser la connaissance avec les moyens dont nous disposons et grâce aux travaux de quelques chercheurs qui, sans forcément partager nos analyses, estiment que le sujet vaut d’être mieux documenté. Sans oublier le soutien de tous les citoyens qui pensent, comme nous, que contre les inégalités, l’information est une arme.

Louis Maurin

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Rapport sur les riches en France, édition 2024.
Sous la direction d’Anne Brunner et Louis Maurin, édition de l’Observatoire des inégalités, juin 2024.
88 pages.
12 € hors frais d’envoi.
Également disponible en version numérique à télécharger.
En cas de difficultés financières, vous pouvez demander l’envoi gratuit de l’ouvrage.

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Remerciements
Ce rapport a été réalisé et publié grâce au soutien de 900 personnes qui ont contribué à notre campagne de financement participatif. Nous les remercions chaleureusement. Le travail de l’Observatoire des inégalités n’est possible que parce que vous nous y aidez.

Nous remercions également le réseau de bénévoles de l’Observatoire des inégalités qui assure en particulier la relecture et la diffusion de l’ouvrage.

[1« Faut-il fixer un seuil de richesse ? », Christel Colin et Jean-Luc Tavernier, Le blog de l’Insee, 1er juillet 2022.

Date de première rédaction le 5 juin 2024.
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