Les inégalités de revenus selon les départements
À Paris, département le plus inégalitaire, les plus aisés disposent de revenus au moins six fois supérieurs à ceux des plus modestes. À l’autre extrémité de notre classement, la Vendée est celui où les inégalités de niveaux de vie sont les plus réduites.
19 juillet 2023
https://www.inegalites.fr/Les-inegalites-de-revenus-selon-les-departements - Reproduction interditeParis est la ville de France qui abrite les ménages français les plus riches, mais aussi un très grand nombre de personnes particulièrement pauvres. Ce département français est également de loin le plus inégalitaire. Les 10 % les plus riches y disposent de revenus au moins 6,2 fois plus élevés que les plus modestes, respectivement au minimum 6 000 euros et au maximum 900 euros par mois, soit près de 5 000 euros d’écart, selon les données 2020 de l’Insee.
Quatre autres départements d’Île-de-France figurent parmi les dix les plus inégalitaires : les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne, les Yvelines et la Seine-Saint-Denis. Ce dernier département apparait dans ce classement en raison des revenus particulièrement bas de ses habitants les 10 % les plus pauvres (au maximum 800 euros par mois contre près de 1 000 euros pour la moyenne nationale) alors que les plus aisés des habitants de Seine-Saint-Denis disposent d’au moins 3 000 euros mensuels, soit près de quatre fois plus. En revanche, dans les Hauts-de-Seine, ce sont davantage les plus aisés qui font grimper les indicateurs d’inégalités : ils bénéficient de revenus mensuels d’au minimum 5 000 euros, cinq fois supérieurs à ceux maximum des plus modestes (1 000 euros par mois). Dit autrement, les plus riches des Hauts-de-Seine gagnent près de 4 000 euros de plus par mois que les habitants les plus pauvres de ce département.
La Haute-Savoie, en troisième position de notre classement, abrite également une population très riche, aux revenus équivalents à celle des 10 % les plus aisés des Hauts-de-Seine, et où les plus modestes disposent de ressources quatre fois moins élevées. Deux territoires d’outre-mer se classent aussi parmi les départements français les plus inégalitaires : La Réunion et la Martinique. La pauvreté y est intense et côtoie une richesse détenue par une petite partie de la population : les 10 % les plus riches disposent de revenus au minimum quatre fois plus élevés que les plus modestes. Seuls ces deux territoires d’outre-mer sont pris en compte dans les données de l’Insee. Compte tenu des niveaux de vie encore plus faibles de leur population, Mayotte et la Guyane entreraient très certainement dans ce classement des dix départements les plus inégalitaires si les données étaient disponibles.
Les inégalités de revenus selon les départements s’expliquent de deux manières : parce que les riches sont très riches, comme dans les départements de Paris et des Hauts-de-Seine, et parce que les pauvres y sont particulièrement pauvres, comme cela est le cas en Seine-Saint-Denis et dans les DOM. Dans le premier cas, il s’agit de départements qui ont notamment attiré les cadres supérieurs aux hauts revenus et où sont implantés de nombreux centres de décision. Les prix de l’immobilier y sont élevés dans nombre de leurs communes, empêchant la population la moins favorisée de s’y installer. Dans le second cas, il s’agit de départements en grande difficulté économique qui accueillent une part plus importante de classes populaires, mais où les habitants riches sont malgré tout présents, même si leurs revenus n’atteignent pas des sommets comme à Paris, dans les Hauts-de-Seine ou encore en Haute-Savoie.
Les dix départements les plus inégalitaires | |||||
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Revenu maximum des 10 % les plus modestes en euros | Revenu médian* en euros | Revenu minimum des 10 % les plus aisés en euros | Écart entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres euros | Rapport entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres | |
Paris | 918 | 2 399 | 5 685 | 4 768 | 6,2 |
Hauts-de-Seine | 1 047 | 2 401 | 5 024 | 3 978 | 4,8 |
Haute-Savoie | 1 144 | 2 253 | 4 757 | 3 613 | 4,2 |
Val-de-Marne | 921 | 1 962 | 3 763 | 2 843 | 4,1 |
La Réunion | 738 | 1 377 | 3 042 | 2 304 | 4,1 |
Martinique | 784 | 1 600 | 3 148 | 2 364 | 4,0 |
Yvelines | 1 130 | 2 289 | 4 292 | 3 162 | 3,8 |
Seine-Saint-Denis | 768 | 1 539 | 2 883 | 2 115 | 3,8 |
Alpes-Maritimes | 936 | 1 886 | 3 496 | 2 560 | 3,7 |
Bouches-du-Rhône | 910 | 1 851 | 3 358 | 2 448 | 3,7 |
France métropolitaine | 993 | 1 867 | 3 327 | 2 334 | 3,4 |
Source : Insee – Données 2020 – © Observatoire des inégalités
La Vendée est le département où les écarts de revenus entre riches et pauvres sont les moins importants en France. Les premiers disposent de revenus au moins 2,5 fois plus élevés que les seconds, soit « seulement » 1 700 euros de plus par mois, contre un écart moyen au niveau national de 2 300 euros. Au sein des dix départements les moins inégalitaires, le rapport entre les plus hauts et les plus bas revenus varie de 2,5 à 2,8. Des territoires de l’ouest de la France (Maine-et-Loire, Mayenne, Deux-Sèvres), mais aussi du Massif central (Cantal, Corrèze, Aveyron) ou de l’Est (Haute-Saône) apparaissent dans ce classement. Les revenus de leur population y sont plus homogènes que dans les départements les plus inégalitaires : les pauvres ne comptent pas parmi les plus modestes, les riches y sont un peu moins riches qu’ailleurs. Les départements les moins inégalitaires sont souvent dans une situation économique assez favorable. Ils n’ont, par exemple, pas connu une très forte désindustrialisation, parfois parce que l’industrie n’y a jamais beaucoup été implantée. Souvent également, ils n’accueillent qu’une faible proportion de la population immigrée, en majorité modeste.
Les dix départements les moins inégalitaires | |||||
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Revenu maximum des 10 % les plus modestes en euros | Revenu médian* en euros | Revenu minimum des 10 % les plus aisés en euros | Écart entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres | Rapport entre le revenu minimum des 10 % les plus riches et celui maximum des 10 % les plus pauvres | |
Vendée | 1 152 | 1 837 | 2 877 | 1 725 | 2,5 |
Mayenne | 1 092 | 1 793 | 2 807 | 1 705 | 2,6 |
Haute-Loire | 1 069 | 1 789 | 2 842 | 1 773 | 2,7 |
Maine-et-Loire | 1 088 | 1 816 | 2 927 | 1 838 | 2,7 |
Manche | 1 082 | 1 812 | 2 923 | 1 842 | 2,7 |
Haute-Saône | 1 040 | 1 772 | 2 817 | 1 777 | 2,7 |
Deux-Sèvres | 1 066 | 1 799 | 2 907 | 1 841 | 2,7 |
Aveyron | 1 017 | 1 772 | 2 896 | 1 879 | 2,8 |
Cantal | 1 036 | 1 762 | 2 852 | 1 816 | 2,8 |
Corrèze | 1 038 | 1 799 | 2 927 | 1 889 | 2,8 |
France métropolitaine | 993 | 1 867 | 3 327 | 2 334 | 3,4 |
Source : Insee – Données 2020 – © Observatoire des inégalités
Des départements aux populations inégales |
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Attention, ces données comparent des territoires de tailles très inégales. La Lozère ou le Cantal, par exemple, ne comptent que 70 000 et 140 000 habitants, contre plus de deux millions à Paris dont certains arrondissements comprennent plus de 200 000 habitants. La comparaison entre départements ne doit pas faire oublier que leur population est parfois très réduite. |
Photo / CC Cédric Chau
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